Vers des négociations de la dernière chance entre Kabila et Tshisekedi

Les principales familles politiques congolaises devront se réunir avant la fin de la semaine pour des négociations directes telles que préconisées par les évêques catholiques en vue d'une solution pacifique à la crise politique qui mine le pays.
L’inclusivité tant réclamée par la communauté internationale, qui tient à voir toutes les forces politiques et sociales du pays participer à un vrai dialogue censé déboucher sur un consensus politique susceptible de tirer la RDC de son impasse politique actuelle, est en train de se mettre en place. Depuis que le chef de l'État a, en début de semaine, donné son quitus pour la poursuite de la mission de bons offices initiée par les évêques catholiques, il s’observe une effervescence particulière dans la classe politique, laquelle classe trahit l’imminence de nouvelles négociations directes entre parties prenantes au processus électoral. Déjà, au lendemain de l’audience que Joseph Kabila leur accordée, les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) sont passés à l’œuvre en amorçant des consultations qui paraissent, à bien d’égards, comme celles de la dernière chance.
Tout le monde s’y met. Le Rassemblement qui s’est déclaré ouvert à cette initiative ne s’est pas fait prier pour répondre à l’appel des évêques catholiques. Le 6 décembre, son leader charismatique Étienne Tshisekedi a personnellement effectué le déplacement du siège de la Cénco pour discuter avec les prélats catholiques. D’après des sources, l’entretien a tourné autour des prochaines négociations entre, d’un côté, les représentants des signataires de l'accord politique du 18 octobre et, de l'autre, les non-signataires. Il s’est agi de se mettre d‘accord sur le début, le format, la durée et l’objet de ces nouvelles négociations qui, sauf imprévu, sont censées démarrer ce week-end. Outre Étienne Tshisekedi, les évêques ont également consulté d’autres acteurs politiques et de la société civile. Jusqu’au soir du 7 décembre, ils étaient encore en attente de la liste des délégués des composantes devant prendre part à ces nouvelles discussions en « format réduit ».  
Dans les milieux intéressés, on parle d’ores et déjà d’une rencontre de la dernière chance car il s’agit de sauver la République, l'enjeu étant de parvenir à un accord politique le plus large possible permettant d'organiser une période de transition entre la fin du mandat constitutionnel du président de la République et la prise de fonction de son successeur, sachant que la Constitution interdit à l’actuel chef de l'État de se représenter.  Dans les camps du Rassemblement cristallisé autour de l’UDPS et d’une autre plate-forme d'opposition formée à l'initiative du Mouvement de libération du Congo, tous deux non signataires de l’accord politique, on s’active déjà. L’objectif est de parvenir à un accord avant le 19 décembre 2016 pour sauver les meubles.
Le secrétaire général de l’UDPS, Jean Marc Kabund, estime qu’il s’agit là du début du dialogue inclusif tel que réclamé par le Rassemblement. « Parce que rien ne bloque le face-à-face dans cette deuxième phase du dialogue, étant donné que tout a été fait et que la Cénco a fait un travail de très bonne qualité. La feuille de route a déjà été établie. Nous pensons que c’est maintenant l’étape décisive où il faut aller très vite parce que le temps n’est pas avec nous. Il faut à tout prix obtenir un accord avant le 19 décembre », a-t-il déclaré ajoutant que son parti avait fait des concessions majeures pour faciliter la tenue de cette table ronde. Et de trancher : « Il reste maintenant au camp de dialogueurs de faire de leur côté aussi un pas afin que nous puissions arriver à un dénouement de la crise dans notre pays ». Les termes des divergences étant connus, il est clair qu’au menu des discussions, figureront sans doute le sort des institutions après le 19 décembre sans oublier celui du président actuel dont le mandat expire à cette échéance. 
Alain Diasso

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