Affaire Moïse Katumbi : des ONG dénoncent l’instrumentalisation de la justice

La Coalition des 33 de promotion et de défense des droits de l’homme (CRC) pense que la procédure enclenchée par le gouvernement vise à arrêter cet opposant plébiscité candidat à la prochaine présidentielle par plusieurs partis et regroupements politiques de l’opposition.
Dans une réaction du 5 mai, la CRC a condamné le «harcèlement judiciaire dont font l’objet l’opposant Moïse Katumbi ainsi quatre de ses proches collaborateurs dont Yannick Kibinda, Franck Mwashala, Sefu Idi et Daryl Lewis ».


Ces organisations ont, en effet, indiqué avoir suivi, le 4 mai, avec préoccupation le point de presse du ministre de la Justice et Droits humains au cours duquel il a annoncé avoir enjoint le procureur général de la République (PGR) d’enquêter sur les faits d’entretien de mercenaires mis à charge de l’opposant Moïse Katumbi et des enquêteurs se trouveraient déjà à Lubumbashi pour cela. Cette plate-forme d’ONG a noté que le ministre de la Justice et Droits humains n’a pas évoqué ni expliqué à l’opinion les conditions de détention actuelles des collaborateurs de l’opposant Moïse Katumbi. Ce, en dépit du fait que le ministre comme le Premier ministre, le vice-Premier ministre et le ministre de l’Intérieur et Sécurité ainsi que le PGR ont été déjà appelés tant par les membres de familles que les conseils de précités à faire respecter les droits fondamentaux des personnes arrêtées garantis par la Constitution.
Silence délibéré
Ces organisations dénoncent le silence délibéré qui prouve que les auteurs de ces violations « bénéficient du soutien du gouvernement à qui la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies a pourtant demandé d’y mettre fin par les poursuites judiciaires à engager contre leurs auteurs ».
La CRC a également souligné la préoccupation de ses organisations membres, au sujet de cette enquête judiciaire annoncée par le ministre de la Justice à l’encontre de l’opposant Moïse Katumbi qui, en réalité constitue, selon cette plate-forme d’ONG, un énième harcèlement politique à cause de ses prises de position exigeant l’organisation des élections présidentielle et législatives dans le délai constitutionnel. « Cela est confirmé par le fait qu’alors que des poursuites, déjà amorcées par les officiers de police judiciaire de l’ANR en violation des droits de l’homme ne sont pas clôturées, le ministre de la Justice et Droits humains a donné l’injonction au PGR au lieu d’attendre que les procès-verbaux de l’ANR lui soient transférés. Le gouvernement vise à faire accélérer l’arrestation et la condamnation de l’opposant Moïse Katumbi pour ainsi l’éliminer des échéances électorales », a appuyé ce regroupement d’ONG, qui rappelle qu’en démocratie, le combat politique doit être d’idées, et que les partis de la coalition gouvernementale ne doivent pas se servir des instruments ou services de l’Etat en vue de régler des comptes à leurs adversaires politiques.
Une justice non indépendante
Pour ces organisations, la justice congolaise ne fait pas preuve d’indépendance et d’impartialité principalement dans les dossiers qui concernent des membres de l’opposition et de la société civile. « Elle exécute la volonté du gouvernement. Elle n’hésite pas à faire recours aux accusations factices et moyens de preuves obtenus en violation des règles de procédure pour justifier l’arrestation et la condamnation des opposants et membres de la société civile qui exigent le respect de la Constitution en ce qui concerne l’organisation des élections présidentielle et législatives », ont elle fait observer. Ces ONG placent dans ce registre notamment la condamnation d’Eugène Diomi Ndongala, « sur la base des preuves illégales »; de Vano Kiboko, «encore détenu arbitrairement alors que sa peine a expiré le 29 avril 2016 »; ainsi que la détention de Jean-Claude Muyambo, « alors que son état de santé requiert des soins médicaux urgents », de Christopher Ngoy, Freud Bauma et Yves Makwambala, «sur la base des accusations infondées »; et la condamnation de six militants de Lucha à Goma.
La CRC, qui exige la libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion dont les collaborateurs de Moïse Katumbi, la cessation de harcèlement judiciaire contre cet opposant politique et la réouverture des médias indépendants et proches de l’opposition, en appelle à la Communauté internationale à envisager des sanctions individuelles et ciblées contre les responsables étatiques qui violent ou encouragent la violation des droits de l’homme. Elle demande particulièrement au représentant du secrétaire général des Nations unies et chef de la Monusco de faire prendre des dispositions urgentes pour assurer la protection des personnes civiles, des leaders d’opposition et de la société civile qui sont menacés d’arrestation ou de mauvais traitements à cause de leur engagement pour les droits de l’homme et la démocratie.
Le ministre Alexis Thambwe Muamba, qui a déclaré avoir des preuves documentées sur le recrutement des mercenaires par Moïse Katumbi, a annoncé avoir instruit le PGR en vue d’ouvrir une enquête sur cette affaire. Pour le ministre, en effet, le candidat déclaré à la présidence de la République se serait entouré des anciens militaires américains et entretiendrait des mercenaires.

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