Fosse commune de Maluku : l’exhumation des corps est pressante

Pour l’ONG américaine Human rights watch, « les familles de victimes de violations des droits humains ont le droit de savoir si leurs proches sont parmi les personnes qui étaient ensevelies, le 19 mars, à la lisière du cimetière de Fula-Fula à Maluku, dans la périphérie est de Kinshasa.

Deux mois se sont écoulés depuis la découverte de la fosse commune de Maluku. Le mystère reste toujours entier sur l’identité des personnes enterrées dans le cimetière de Fula-Fula dans la périphérie est de Kinshasa. Les familles des victimes n’arrêtent pas de faire pression pour amener le gouvernement à tenir sa promesse d’exhumer les cadavres si besoin s’en faut pour dissiper le doute à ce sujet. Aujourd’hui plus qu’hier, la pression est montée d’un cran. Déjà, l‘on apprend que douze familles des personnes présumées tuées ou victimes de disparitions forcées imputées aux forces de sécurité entre 2013 et 2014 avaient individuellement déposé des plaintes en justice réclamant l'exhumation des corps. Trente-quatre autres familles avaient également déposé, depuis le 5 juin, une plainte publique auprès du procureur général de la République réclamant justice et l'exhumation des corps inhumés dans la fosse commune de Maluku.
Alain Diasso


Ces familles craignent, en effet, que la fosse commune de Maluku ne contienne les cadavres de victimes des forces de sécurité et non des indigents comme soutenu par le gouvernement. A la pression des familles éplorées cherchant à identifier les corps de leurs membres, il faudrait ajouter celle de l’ONG américaine Human rights watch (HRW) qui, dans un récent rapport, invite les autorités de la RDC à se plier à l’exigence d’exhumation des corps. « Les familles de victimes de violations des droits humains ont le droit de savoir si leurs proches sont parmi les personnes ensevelies dans cette fosse. Les autorités devraient effectuer immédiatement une opération d'exhumation en bonne et due forme, avec l'aide d'experts internationaux », fait savoir HRW.
L’ONG estime que pour plus de crédibilité, il faudrait impliquer dans cet exercice les gouvernements étrangers et les Nations unies, sans oublier les experts en médecine légale qui seraient chargés d'aider à exhumer les corps et d'effectuer des analyses d'ADN. HRW enfonce le clou en ces termes : « Le nombre croissant de plaintes en justice déposées par des familles dont certains membres ont disparu souligne qu'il est urgent d'exhumer le contenu de cette fosse commune (…) Le gouvernement congolais devrait honorer sa promesse d'exhumer les corps et donc protéger adéquatement la fosse en attendant ».    
Rappelons que le gouvernement avait reconnu, via le Vice-ministre de l‘intérieur et sécurité Evariste Boshab que 421 corps avaient été inhumés le 19 mars 2015 dans une fosse commune. Les dépouilles, à en croire des sources officielles, étaient celles d'indigents dont les familles n'avaient pas les moyens de financer un enterrement classique, de personnes décédées non identifiées et de bébés mort-nés. Nonobstant sa promesse d’exhumer au besoin les corps en cas de doute, le gouvernement n'a jusque-là ni exhumé les dépouilles ni révélé les identités des personnes enterrées.             

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