Mort du prisonnier norvégien en République démocratique du Congo

Le gouvernement norvégien s’est défendu lundi d’avoir « du sang sur les mains » comme l’affirmait la famille d’un prisonnier norvégien mort en République démocratique du Congo, sans avoir jamais pu être extradé. 

« Je comprends parfaitement la frustration et le désespoir d’un père qui se trouve dans la situation tragique d’avoir perdu son fils », a déclaré à l’AFP le ministre norvégien des Affaires étrangères, Espen Barth Eide. « Je ne ressens aucun besoin de polémiquer. Je dois cependant préciser, la main sur le coeur, que jamais les autorités norvégiennes n’ont déployé autant d’efforts et d’énergie pour une affaire de ce genre », a-t-il dit. Ces propos font suite aux vives accusations portées la veille par Knut Moland, le père de Tjostolv Moland, emprisonné avec son camarade anglo-norvégien Joshua French depuis 2009 en RDC, où les deux hommes disaient vouloir créer une société de sécurité privée. 

« C’est l’histoire d’un meurtre annoncé », a écrit Knut Moland sur son blog dimanche, précisant avoir supplié « à genoux » les chefs de la diplomatie norvégienne successifs pour qu’ils intercèdent en faveur des deux prisonniers. « Ils n’ont rien fait. Maintenant, ils ont le sang de Tjostolv sur les mains. Ce sang ne peut se laver et ils l’auront toute la vie sur leurs mains », a-t-il ajouté. 

Moland, 32 ans, et French, 31 ans, ont été condamnés à mort en RDC -pays qui ne procède pas à des exécutions capitales depuis l’arrivée au pouvoir du président Joseph Kabila en 2001- pour le meurtre de leur chauffeur congolais. Ils ont été aussi accusés de tentative de meurtre, d’espionnage et d’association de malfaiteurs. Rejetant l’ensemble des accusations, les deux hommes avaient écrit au président Kabila pour demander leur grâce ou la commutation de leur condamnation à mort en une peine de prison à vie pouvant être éventuellement purgée en Norvège. Oslo dit avoir multiplié les démarches pour obtenir un tel transfert, mais s’être heurté au silence des autorités congolaises. 

Lundi, M. Barth Eide a indiqué que la mort de Moland rendait d’autant plus pressant le rapatriement de French et précisé que des représentants norvégien et de l’UE avaient rencontré le Premier ministre congolais, Augustin Matata Ponyo, pour évoquer notamment ce point. De son côté, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a indiqué qu’une enquête était en cours pour déterminer les causes de la mort du Norvégien, évoquant un « homicide » ou un « suicide ». 

Les centres pénitentiaires de RDC sont particulièrement vétustes et surpeuplés, datant de l’époque coloniale belge. Les prisonniers vivent dans des conditions d’hygiène désastreuses, exposés à de nombreuses maladies, à la déshydratation et à la malnutrition, voire à la famine. On peut y mourir de faim ou à la suite de tortures.


Un article de Direct.cd 

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