3 ans de prison ferme pour le député Mohindo Nzangi Musubao, arrêté dimanche 11 août

En RDC, le député national du Nord-Kivu de la majorité présidentielle, arrêté dimanche 11 août à Goma et transféré à Kinshasa, a été condamné à trois ans de prison ferme. Les propos de Mohindo Nzangi Musubao sur une radio de la place et sa mise en cause des autorités et de la Monusco n'ont apparemment pas été appréciés. Son avocat dénonce cette peine qui condamne au silence un député dont le rôle traditionnel est de s'adresser à ses électeurs.
 Le ministère public avait requis 20 ans de prison ferme pour atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat. Ce réquisitoire avait été critiqué par les avocats du député Muhindo Nzangi Butondo qui s’étaient évertués à détruire tout l’argumentaire développé par l’organe de la loi.

La défense, le bâtonnier Matadi Wamba en tête, avait alors demandé l’abandon des charges faute d’infraction prouvée dans le chef de son client. Mais après une longue délibération, les juges de la Cour suprême de justice ont condamné le parlementaire à trois ans de prison ferme, une sentence prononcée dans la soirée devant une salle restée silencieuse.


« Procès politique »
Dans sa tenue bleue et jaune de détenu, le condamné a également gardé son calme avec un petit sourire comme s’il avait présagé de l’issue du procès. Pour Maître Ruffin Lukoo Musubao, avocat du collectif de la défense, c’est tout simplement un procès politique.
Reste la grâce présidentielle pour annuler le verdict, sinon le député Muhindo Nzangi Butondo restera en prison jusqu’à la fin de la législature actuelle.

Dégradation de la situation
Un verdict qui intervient alors que la situation humanitaire se dégrade sur le terrain au Nord-Kivu. L’organisation humanitaire Médecins sans frontières annonce que ses équipes doivent se retirer de la ville de Pinga, une localité du territoire de Walikale, au Nord-Kivu, après avoir reçu des menaces. Les équipes de MSF à Pinga se sont toutes repliées sur d'autres missions au Nord-Kivu ou sur Goma, la capitale provinciale.

« Il y a quelques jours, une de nos équipes qui travaille dans une de ces zones a reçu des menaces ciblées, détaille Colette Gadenne, chargée de mission de MSF pour le Nord-Kivu à Goma. C’était une lettre qui était adressée à Médecins sans frontières nous accusant en fait de violer les principes humanitaires et menaçant l’intégrité physique de nos travailleurs humanitaires. [...] C’est une zone où en fait plusieurs groupes armés ont pris la succession du pouvoir de la ville. Ce sont des zones qui sont affectées par des combats hebdomadaires parfois quotidiens et ce sont des zones où le déplacement de population est très important. »

Par RFI

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