La chanson en lingala: quelles évolutions? partie3: Vers le « franlingala »

Les albums sortis ces dernières années ont en commun le fait d'avoir leur titre en francais. La liste pourrait être plus longue, mais citons Loi, Droit de Veto, Affaire d'Etat et Danger de mort de Koffi Olomidé ; Titanic, Toujours Humble ( T.H) et Internet, de JB Mpiana ; Intervention rapide, Opération Dragon, Sous sol et A la queue leu leu, de Werra Son ; Confirmation, Etat major, Les nouveaux missiles, Ouragan, Obligatoire, Trop c'est trop d'Extra Musica ; ou encore Longue histoire de Kester Emeneya ; Sanction, du groupe Quartier Latin Académia ; Le Voyageur de Papa Wemba ; Pleins feux, Les feux de l'amour du groupe Wenge Musica et JB Mpiana etc.

L'ingérence du français dans la musique congolaise de la nouvelle génération ne s'arrête pas au titre puisqu'en analysant de très près les chansons, il arrive même que l'équilibre entre la langue de Voltaire et celle de du vieux Wendo Kolosoy soit de l'ordre de 50-50 ! Par exemple, dans l'album Affaire d'Etat de Koffi Olomidé, on retrouve ces paroles en franlingala :

« O negligé nga, je suis perdu, na zali awa sans espoir, Décision finale ya la vie ya moto sè na maboko ya Nzambé »

Dans le même élan, on écoute les paroles qui suivent dans l'album Toujours humble de JB Mpiana et son groupe Wenge Musica :

Aminata, ma vie sans toi, ekomi fragile... Lokola na lingi yo Aminata, mon miel sucré... Aminata yebisa ngai na yeba esika nini otiya nga na hierarchie ya ba pensées na yo...

Ce mélange linguistique ne doit pas conduire au constat de l'effritement du lingala, encore moins à une conclusion d'une prétendue pauvreté de cette langue. C'est surtout le fait que la chanson congolaise épouse de plus en plus le lingala urbain et témoigne de la suprématie de la langue de la rue sur le lingala classique dont beaucoup de jeunes ne saisissent pas toujours certaines expressions ou des mots qui finissent à la longue par tomber en désuétude. Il est à constater aussi que la plupart des musiciens congolais de la nouvelle génération vivent entre Kinshasa, Brazzavile, Bruxelles et Paris. Le lingala utilisé par les « Parisiens », les « Beligicains », vient enrichir ( ou appauvrir, pour les puristes ) celui utilisé par les Kinois ou les Brazzavillois.

A la décharge des « atalakus », il faut préciser que bon nombre d'entre eux composent souvent leurs génériques dans d'autres langues que le lingala. Ainsi trouverait-on des génériques en tchiluba ou en kikongo. Le « générique » s'enrichit alors du folklore, des chants traditionnels des ethnies qui parlent ces langues. Et d'ailleurs, il s'opère un mélange intéressant entre ces langues du terroir et le lingala, la langue nationale...

A suivre.........

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